Le 12 mars 2022
L’artiste magogoise d’origine coréenne avait pourtant amorcé sa carrière dans l’éphémère d’installations, après ses études aux beaux-arts de l’Université Hong Ik, à Séoul, dans les années 1980. Mais en prenant mari et multiples pays, la créatrice a troqué le monumental pour les pinceaux et les outils de gravure, qu’elle allait trimbaler aux quatre coins du monde.
« Je rêvais de voyager, de voir le monde, de créer », raconte celle qui a vécu tantôt aux États-Unis, tantôt au Québec, mais a aussi exploré le monde et ses possibilités avec son mari québécois et leurs enfants. Après avoir enseigné pendant des années en Pennsylvanie, et après que les enfants ont pris leur envol, ils sont revenus s’installer dans leur maison de Magog pour profiter de la retraite.
« Je voulais me consacrer au travail artistique à temps plein », explique celle qui a installé son atelier au sous-sol de la maison, là où les adeptes du circuit des arts ont eu l’occasion d’entrer dans son intimité de créatrice.
Ce que provoquent les paysages
Mais Yong Sook Kim-Lambert a aussi proposé maintes fois peintures, gravures et estampes au grand public, ici et ailleurs depuis quatre décennies, par l’entremise d’expositions collectives, mais quelques fois aussi en solo, comme c’est le cas jusqu’au 3 avril chez Boréart, à Granby.
C’est par une sélection d’une quarantaine d’œuvres que Yong Sook Kim-Lambert nous entraîne Entre les terres qui nous habitent.
« Mais je ne fais pas de paysages », prévient-elle en montrant ces peintures sur toiles, ces dessins sur feuilles de riz, ces gravures tout en délicatesse.
« Ce qui m’intéresse, c’est ce que ces paysages, ces villes, ces rencontres provoquent en moi, en nous. C’est ça que je crée ensuite, et ce n’est pas moi qui le décide, c’est l’œuvre qui s’impose. »
Et ces êtres sans traits, leur solitude, leur plénitude parfois, leur angoisse à d’autres moments, les vagues d’inquiétudes et de quiétude aussi, viennent nécessairement s’imposer à nous. Qu’elle joue sur grand format avec le rouge symbolique de la Corée, qu’elle décline les bleus nordiques ou qu’elle mixe acrylique et gravure sur des papiers fins, Yong Sook Kim-Lambert laisse à chacun le loisir d’absorber ses œuvres à la fois figuratives et abstraites. On glissera tantôt dans la douceur, tantôt dans le désordre, tantôt encore vers une invitation au mouvement.
S’approprier le flou
« J’aime les lignes et les personnages flous que tout le monde peut s’approprier, auxquels on peut s’identifier, peu importe qui on est. »
« Je pense qu’on peut identifier différentes périodes dans mon travail. Les deux dernières années de pandémie et certains événements ont été difficiles, ça se voit dans mon travail actuel. Je passe beaucoup de temps en forêt, j’en rapporte des images que je ne reproduis pas vraiment, mais qui me permettent d’aller ailleurs, d’exprimer ce qu’on a vécu », explique-t-elle en faisant défiler des œuvres mouvementées sur du papier fin rapporté de Corée il y a déjà longtemps.
Yong Sook Kim-Lambert (https://ykimlambert.com/).